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Observabilité vs Monitoring : Choisissez la bonne approche à adopter

À mesure que les infrastructures IT évoluent vers des architectures distribuées, Cloud-native et serverless,  les interactions entre composants deviennent plus dynamiques et complexes et la complexité s’accroît de manière exponentielle.

La plupart des pannes critiques sont aujourd’hui dûes à des défaillances dans des systèmes interconnectés.
Face à ce défi, les approches classiques de monitoring montrent leurs limites : elles permettent de détecter les symptômes visibles mais peinent à expliquer les mécanismes sous-jacents des dégradations de performance ou des pannes critiques.

La réponse repose sur une approche combinée : le monitoring et l’observabilité.

Dans cet article, nous explorerons leurs différences, leurs complémentarités et leur impact sur la gestion des infrastructures modernes.

Monitoring : Une surveillance et réaction en temps réel

Le monitoring repose sur la collecte continue de métriques standardisées pour suivre l’état de santé d’un système, anticiper les pannes et déclencher des alertes en cas d’anomalies.

Composants clés du monitoring

  • Métriques systèmes et applicatives : Utilisation du CPU, consommation de mémoire, latence réseau, débit en entrée/sortie, taux d’erreur, nombre de requêtes par seconde, temps de réponse des applications, taux d’utilisation du disque.
  • Seuils d’alerte et détection d’anomalies : Identification des écarts par rapport aux valeurs nominales et génération d’alertes. Exemple : Déclencher une alerte si l’utilisation du CPU dépasse 90 % pendant plus de 5 minutes, ou si le temps de réponse d’une API dépasse un seuil critique.
  • Dashboards et reporting : Agrégation des données pour une visualisation en temps réel des performances du système via des tableaux de bord dynamiques et des rapports analytiques.
  • Automatisation des réponses aux incidents : Déclenchement de scripts correctifs en fonction des alertes, comme :
    • Redémarrage automatique d’un service en cas de surcharge prolongée.
    • Allocation dynamique de ressources (scaling horizontal ou vertical) pour éviter une dégradation des performances.
    • Routage intelligent du trafic en cas de surcharge d’un serveur backend.

Outils et limites du monitoring

L’écosystème des outils de monitoring est fragmenté en fonction des besoins spécifiques des entreprises. Chaque outil se spécialise dans un domaine particulier, nécessitant souvent l’intégration de plusieurs solutions pour une couverture complète.

  • Infrastructure & Réseau : Nagios, Zabbix, SolarWinds
  • Conteneurs & Orchestration : Prometheus, Kubernetes Dashboard
  • Applications & Web : Google Analytics, New Relic, Datadog

Le monitoring détecte les anomalies en temps réel mais n’en explique pas les causes profondes.

Le monitoring alerte sur un problème mais ne dit pas pourquoi il survient. Pour aller plus loin, il faut une analyse plus fine des interactions entre composants : c’est là qu’intervient l’observabilité.

Observabilité : Une analyse holistique et proactive des systèmes

L’observabilité repose sur une approche plus large que le monitoring en capturant, corrélant et analysant l’ensemble des signaux générés par un système.

L’observabilité ne se limite pas à la détection d’anomalies ; elle permet de comprendre les interactions complexes entre les composants, d’identifier les goulets d’étranglement et d’anticiper les dégradations de performance avant qu’elles n’impactent la production. 

L’observabilité ne se limite pas non plus aux environnements modernes. Les infrastructures on-premise, hybrides et monolithiques peuvent également tirer parti de cette approche pour corréler plus efficacement les événements, améliorer la gestion des ressources et optimiser les performances globales.

Les quatre piliers de l’Observabilité

L’observabilité repose sur l’analyse de plusieurs sources de données, souvent appelées les quatre piliers fondamentaux :

  • Métriques : Indicateurs quantifiables reflétant l’état du système en temps réel. Exemples : débit réseau (Mbps), taux d’erreur (%), nombre de requêtes par seconde, latence moyenne d’une API, consommation mémoire.
  • Logs : Enregistrements détaillés des événements applicatifs et système, essentiels pour diagnostiquer les erreurs, comportements anormaux et pannes critiques.
  • Traces distribuées : Suivi du parcours complet d’une requête à travers différents microservices pour analyser les temps de réponse, les dépendances et les éventuels ralentissements.
  • Événements : Actions discrètes qui surviennent dans un système, déclenchant des réponses spécifiques. Exemples : modification de configuration, déploiement d’un nouveau service, basculement d’une instance sur un cluster.

Contrairement au monitoring, qui repose sur des seuils préétablis, l’observabilité permet une analyse exploratoire des comportements inattendus et une corrélation entre les signaux, accélérant ainsi le diagnostic et la remédiation des incidents.

Avantages clés de l’Observabilité

  • Détection et analyse des anomalies en temps réel : Les logs et traces fournissent une vision complète et contextualisée des incidents, évitant ainsi les faux positifs des alertes classiques du monitoring.
  • Identification proactive des problèmes : L’observabilité permet d’anticiper les dégradations avant qu’elles ne génèrent des interruptions. Exemple : une augmentation progressive de la latence d’un service critique peut alerter sur un risque de surcharge, permettant d’ajuster les ressources avant qu’une panne ne survienne.
  • Réduction du MTTR (Mean Time To Repair) : En automatisant l’analyse des causes racines, le temps de diagnostic est drastiquement réduit. les équipes IT peuvent passer d’une approche réactive à une stratégie proactive. L’identification accélérée des anomalies structurelles permet de réduire drastiquement le temps de remédiation et d’éviter des interruptions coûteuses.
    Exemple : un problème de base de données qui aurait nécessité 2 heures de troubleshooting manuel peut être identifié en 15 minutes grâce à une analyse automatisée des logs et des corrélations entre services.
  • Optimisation des performances et des coûts : En analysant la consommation des ressources en corrélation avec la charge applicative, il devient possible d’ajuster dynamiquement les infrastructures pour éviter le surprovisionnement ou les sous-performances.

Limites actuelles de l’observabilité

L’état actuel de l’observabilité repose sur un écosystème fragmenté. Aucun outil unique ne permet une couverture complète des besoins. Les entreprises combinent plusieurs solutions pour agréger et analyser les signaux.

De plus, la majorité des outils sont conçus pour des équipes DevOps et SRE et sont principalement adaptés aux environnements cloud-native et aux cas d’usage APM.

Quelques outils clés

  • Plateformes de logs et traces : ELK Stack (Elasticsearch, Logstash, Kibana), Splunk
  • Traces distribuées & APM : OpenTelemetry, Jaeger, AWS X-Ray
  • Monitoring avancé et corrélation d’événements : Dynatrace, Honeycomb, Datadog.


Toutefois, ces outils ont des limites :

  • Données échantillonnées : Certaines plateformes n’enregistrent qu’un sous-ensemble des métriques et traces pour éviter une surcharge de stockage.
  • Corrélation manuelle nécessaire : Malgré les dashboards avancés, les équipes doivent souvent croiser plusieurs sources de données pour identifier une cause racine.
  • Coût élevé : La collecte massive de logs et de traces peut générer des coûts de stockage et de traitement importants.

 L’observabilité nécessite une intégration poussée des données multi-sources et peut engendrer des coûts élevés en stockage et traitement des logs.

Différences fondamentales entre Monitoring et Observabilité

Selon le principe de DevSecOps, la sécurité intervient à chaque étape du cycle CI/CD, comme l’exprime le schéma ci-dessus 

Pourquoi adopter une approche combinée?

Le monitoring et l’observabilité ne sont pas exclusifs, mais complémentaires : le premier fournit une vue macroscopique des performances du système, tandis que le second permet d’analyser en profondeur les interactions et comportements inattendus.

Seul, le monitoring est insuffisant. Seule, l’observabilité est complexe à mettre en œuvre. Ensemble, ils garantissent une supervision efficace et actionnable.

Cas Concrets d’Observabilité

  • Microservices & Cloud : Identifier rapidement pourquoi une requête échoue en analysant les traces distribuées et en corrélant les logs des différents services.
  • Optimisation des performances : Associer un pic de latence à une surcharge CPU sur un nœud Kubernetes pour ajuster dynamiquement l’allocation des ressources.
  • Automatisation des diagnostics : Exploiter l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique pour analyser en temps réel les logs et les métriques, détecter des modèles anormaux et proposer des actions correctives automatisées.
  • Cybersécurité : Détecter une activité anormale sur un cluster en corrélant des logs d’accès, des métriques système et des tentatives de connexion suspectes, permettant une réponse plus rapide aux incidents de cybersécurité.


Une stratégie combinée monitoring + observabilité permet aux équipes SRE, DevOps et IT Ops d’anticiper les pannes, accélérer la remédiation et améliorer la résilience des systèmes.

Conclusion

Le monitoring et l’observabilité ne s’opposent pas, ils se complètent.

  • Le monitoring assure une supervision d’ensemble en surveillant les métriques et en déclenchant des alertes en cas d’anomalie.
  • L’observabilité permet une compréhension et une analyse en profondeur des interactions entre composants et accélère la résolution des incidents.

L’avenir des infrastructures IT repose sur l’équilibre entre monitoring et observabilité. Maîtriser cette complémentarité, c’est anticiper les incidents, réduire les coûts et renforcer la résilience.

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